Publié le 24 Mars 2013
Pionniers du mouvement graffiti, Michel Espagnon et Jean Gabaret, fêtent leurs 30 ans de Street art. C’est en effet en 1983 qu’ils ont créé leur collectif, VLP (Vive La Peinture).
Et cette année, après plusieurs voyages en Inde, ils ont emmené Zuman Kojito, leur figure emblématique, à Berlin et New York. Ils l’ont collé sur les murs, l’ont semé dans toutes les rues. Ils y ont apposé leur logo hyper-vitaminé et s’apprêtent maintenant à envahir Paris. Car c’est ici qu’est né ce groupe mythique et leurs galeries-partenaires ont pris date. Expositions-événements prévues chez Onega rue des Grands Augustins, à la Galerie Keller dans la rue du même nom, chez Nunc rue d’Arras, à la Seven Gallery rue Bonaparte…
Mais en 2013, ils customisent aussi un sac à dos et un Big Sac Eastpak. Ils créent trois skate-boards ainsi que des deux sculptures-bibliothèques, Zuman Steel et Zuman Pixo. La première en acier brossé ciré, éclairé par leds aux couleurs changeantes et la seconde en bois médium laqué. Ils peignent aussi une horloge en béton réalisée par Welter Egon.
1983… Des catacombes au Canal de l’Ourq
1983, c’est le déclic. Au moment où l’art conceptuel triomphe, Michel et Jean optent pour l’authenticité du geste pictural et c’est dans les catacombes de Paris, haut-lieu de l’underground de l’époque, qu’ils se rencontrent. Là qu’ils peignent au pinceau, avec leurs doigts, avec une bombe aérosol. Ils réalisent des fresques communes, les signent Vive La Peinture. Comme un mot d’ordre qui se transformera vite en logo. VLP est né. Avec spontanéité, énergie, générosité. En reniant aussi l’ego de l’artiste au profit de la synergie de groupe.
Puis, du sous-sol, ils remontent dans la rue. Vite fait, ils vont lui donner un petit air de liberté et de gaité. Car c’est maintenant aux palissades des chantiers qu’ils s’attaquent. Les « sovaj de vil atak for Bobour », les Halles, le Musée du Louvre et le MAM. Ils collent des peintures originales dans le métro et leurs « cent coups de tête » sur les murs. A la galerie Diagonale, ils peignent une palissade qu’ils découpent à la tronçonneuse et distribuent en morceaux.
Dans cette dynamique, ils jouent les fédérateurs et réunissent leurs amis graffitistes. Ils les invitent à Bondy. Là, sur des kilomètres, les murs et les ponts du canal de l’Ourcq deviennent les cimaises de ces « flamboyants» qui y dessinent et peignent à cœur joie. Premier rassemblement du mouvement graffiti en 1985. En compagnie de Speedy Graphito, Epsylon Point, Blek le rat, Futura 2000, Nuklé Art, SP 38… Rencontre aussi avec Keith Haring à son Pop Shop de New York et avec Basquiat chez Yvon Lambert.
1986… Performances et discothèques
Avec leurs pochoirs, leurs affiches, leurs peintures sur zinc et leurs cartons découpés, les VLP continuent à multiplier les coups d’éclat. Dans une école de Bourg en Bresse, au Art Jonction de Nice avec Ben et Vostell, au collège de Philosophie de Paris, au Salon de l’Etudiant, au théâtre de la Bastille, dans les rues de Poissy, chez Agnès B, à l’espace Pierre Cardin, avec la Figuration Libre, Combas, Di Rosa et Bazooka, avec les Frères Ripoulin pour des panneaux publicitaires … ils peignent en direct, sur palissades et sur toiles libres.
Puis, pour enrichir leurs « palettes », c’est dans les discothèques parisiennes à la mode qu’ils s’invitent. Là qu’ils vont peindre lors de spectaculaires performances. Au Rex Club, au Palace, à la Locomotive…
VLP colle dans les métros Bastille et Voltaire ses affiches originales réalisées pour le Théâtre de la Bastille
1989… Le VLP tour en Allemagne
Avec leur agent artistique, Christoph Maisenbacher, rencontré lors d’une expo à Paris, les VLP partent ensuite à la conquête de l’Allemagne. En direct, ils font des perfos sur les chaînes de TV de Mayence, Stuttgart et Mannheim. Ils exposent leurs toiles, cartons et sculptures en galeries, dans une dizaine de villes (Münich, Dortmund, Mannheim, Trêves, Berlin, Coblence…) ainsi qu’aux foires de Nüremberg, Francfort et Wiesbaden.
Leurs plus belles réalisations françaises ? L’expo-perfo de l’INSEAD, la prestigieuse école de management de Fontainebleau, et une immense fresque à la gare RER de Clichy